MATIÈRE ORGANIQUE PUTRESCIBLE

Les matières organiques, aussi appelées matières compostables ou matières putrescibles, sont définies comme étant « tout résidu qui se putréfie et se décompose sous l’action de microorganismes ».

CONTEXTE
Le réseau de la santé à lui seul produirait 35 121 tonnes métriques de matières organiques par année, représentant près de 48 % de l’ensemble des matières organiques générées par les institutions. Le taux de récupération actuel est évalué à moins de 1 %. Au Québec, selon les résultats du sondage Gestred sur le développement durable 2014, 29 établissements de santé ont mis en place un système de valorisation des matières organiques.

Il existe plusieurs techniques pour valoriser les matières organiques :

Le compostage : procédé biologique naturel qui s’effectue dans des conditions contrôlées et qui transforme la matière organique en un produit stable ressemblant à de l’humus et appelé « compost ». Au cours du processus de compostage, plusieurs micro-organismes, dont des bactéries et des champignons, décomposent la matière organique en éléments plus simples. Le compostage est un procédé aérobie, ce qui signifie que les micro-organismes ont besoin d’oxygène pour faire leur travail.

Le compostage peut se faire « in situ », c’est-à-dire sur place en opérant un composteur industriel. Au Québec, il existe quatre grands fabricants/distributeurs : Brome, Vertal, Biogénie et Jora Kompost

Le compostage peut avoir lieu « ex-situ ». Certaines compagnies offrent des services de cueillettes de matières putrescibles selon certaines conditions et exigeants des frais variés. Le traitement des matières varie selon le fournisseur de services : maturation sur andains, tunnel à air forcé, biométhanisation.

La déshydratation thermique des déchets alimentaires est une alternative intéressante au compostage in situ. Elle se fait dans une chambre close et étanche, dans laquelle est opéré un brassage permanent. En fin de cycle, on récupère une matière sèche sous forme de poudre. Le système se présente sous la forme de machines compactes avec différentes capacités de traitement (de 30 kg à plus de 1000 kg/jour). La déshydratation thermique présente de nombreux intérêts :

  • Elle n’est pas basée sur des organismes vivants;
  • Elle traite sur site tous les déchets alimentaires;
  • Elle ne requiert pas de charge de travail supplémentaire;
  • Elle élimine les coûts de collecte et de traitement qui s’appliquent aux autres solutions de gestion des déchets;
  • Elle facilite la maîtrise des coûts de traitement dans le temps.

Il existe par ailleurs des alternatives au gaspillage alimentaire : La Tablée des chefs est un organisme à but non lucratif qui sert d’agent de liaison entre les producteurs de surplus alimentaires, notamment des donateurs du milieu HRI (hôtellerie, restauration, institutionnel), et des organismes qui redistribuent ces surplus à des personnes dans le besoin ; l’objectif poursuivi étant de « briser la pauvreté » mais aussi de réduire le gaspillage alimentaire. Depuis le mois d’avril 2012, la Tablée des chefs mène un projet de courtage alimentaire à l’Hôtel-Dieu du CHUM. Deux organismes reçoivent les dons alimentaires de l’hôpital : le Chaînon et Multicaf, une cafétéria communautaire située à Côte-des-Neiges. Ces deux organismes communautaires se réjouissent de recevoir une « nourriture variée et saine ». Depuis 2014, seul Le Chaînon reçoit des dons car ce projet a permis à l’hôpital de mieux gérer la préparation des aliments et ainsi de générer moins de surplus. Durant les mois de juillet, août et septembre 2014, ce sont ainsi 482 portions qui ont été données au Chaînon.

OBJECTIFS GOUVERNEMENTAUX
Dans sa dernière politique québécoise de gestion des matières résiduelles, le gouvernement du Québec s’est donné des objectifs ambitieux :
60% des matières organiques doivent être détournées de l’élimination en 2015,
100 % des matières organiques doivent être détournées de l’élimination en 2020.

RÉFÉRENCES

Recyc-québec
Sanimax
BFI
AZN2
Brome
Vertal
Biogénie
Jora Kompost
Food Cycle Science
La Tablée des chefs
Étude comparative des modes de traitement de la matière organique putrescible (étude SSE) – sur demande

QUESTIONS ÉVALUATIVES ET EXEMPLES PROBANTS

Quelles quantités générez-vous (par département ou unité) ?

Savez-vous quels départements génèrent ces matières ?
Connaissez-vous les volumes générés annuellement ?

Exemple probant :

CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal
L’hôpital Jean-Talon génère environ 30 tonnes de matières organiques par année.

Comment récupérez-vous actuellement cette matière?

Savez-vous si vous valorisez (réemploi, recyclage) cette matière actuellement ?
Dans quels contenants placez-vous ces matières ?
Combien de contenants avez-vous ?
Où sont-ils placés ?
Que faites-vous avec une fois qu’ils sont pleins ?
Sont-ils fournis gratuitement par votre fournisseur de services ?

Exemple probant :

CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal
L’hôpital Jean-Talon valorise ses matières organiques depuis février 2013. Pour ce faire, l’hôpital possède une dizaine de bacs brun 240 litres qu’il a acheté à son fournisseur de services au coût de 95 $ par bac. Ces bacs sont entreposés dans une chambre froide dédiée. Ils sont vidés une fois par semaine.

Avec qui faites-vous affaire ?

Savez-vous quel fournisseur collecte actuellement ces matières ?
Avez-vous signé un contrat ou une entente avec ce fournisseur ? Connaissez-vous le contenu de ce document ?
Des frais sont-ils associés à ce contrat/cette entente ?
Avez-vous déjà effectué des visites surprises chez votre fournisseur ?

Exemple probant :

CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal
En 2013, l’hôpital a signé un contrat de service clé en main avec la compagnie Sanimax. Ce contrat comprenant : la fourniture de contenants de récupération (coût de 95 $ par bac), des séances de formation du personnel, la collecte et le transport des matières organiques (45 $ pour le transport plus 55 $ par tonne de matière collectée et traitée), le lavage des bacs (1 $ par bac), le traitement des matières organiques. Depuis le 22 avril 2015, c’est l’arrondissement Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension qui collecte gratuitement les MOP générées par l’hôpital Jean-Talon.

Que devient la matière?

Savez-vous où s’en vont ces matières une fois qu’elles quittent votre établissement ?
Exigez-vous un bilan annuel faisant état du devenir précis de ces matières (traçabilité) ?
Avez-vous élaboré une procédure pour assurer l’uniformisation et la pérennité du système de collecte que vous avez mis en place ?

Exemple probant :

CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal
L’arrondissement envoie la MOP chez EBI à Berthierville où elle servira ultimement à fermer un site d’enfouissement. Aucune procédure n’a été développée.

PROJET PILOTE

Déshydrateur de biodéchets testé à l'Hôpital privé nord-parisien (vidéo C2DS)