SAVIEZ-VOUS QUE ?

L’hôpital Sick Kids de Toronto a réussi à réduire de 80% ses déchets biomédicaux sur une période de 10 ans en formant l’ensemble des générateurs afin qu’ils sachent exactement quoi mettre/ne pas mettre dans les contenants de déchets biomédicaux.

Tout résidu de médicament comporte un numéro d’identification d’une drogue (numéro DIN) qui est unique et sert à identifier tous les médicaments vendus dans une forme posologique. Il est inscrit sur l’étiquette d’un médicament de prescription ou d’un médicament sans ordonnance qui ont été évalués et approuvés pour la vente au Canada.

Présentation globale, statistiques, gestion, traitements et impacts

CONTEXTE DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
ET DE SERVICES SOCIAUX QUÉBÉCOIS

Biomédicaux

Les déchets biomédicaux correspondent à 2% du volume des déchets domestiques municipaux et sont à 85% générés par les hôpitaux au Québec. Selon RECYC-QUEBEC, les établissements de santé génèrent 97 700 tonnes de matières résiduelles par année au Québec. Ce volume exclut les déchets biomédicaux et pharmaceutiques, il est donc assimilable à des matières résiduelles municipales, dont 60% sont recyclables ou compostables. Selon l’OMS, les déchets pharmaceutiques et biomédicaux représentant 15% de l’ensemble des matières résiduelles générées par les établissements de santé et de services sociaux, soit, selon les calculs de SSE, 17 241 tonnes par année. Les coûts annuels 2015-2016 de gestion des déchets biomédicaux et pharmaceutiques par les établissements de santé et de services sociaux (données MSSS) s’élevaient à 14,2 millions$, soit un coût moyen de 823 $/tonne. Selon les analyses de factures de plusieurs établissements de santé et de services sociaux, les coûts approximatifs selon le type de déchet biomédical étaient en 2015 :

  • Déchets anatomiques humains : 745 $/tonne;
  • Déchets non anatomiques et piquants-tranchants (ex-situ) : 714 $/tonne.

Mentionnons que ces coûts à la tonne excluent les frais de transport, l’achat de boites, de bacs et de sacs et tous les autres frais associés.

Pharmaceutiques

Les déchets pharmaceutiques sont générés principalement par la pharmacie, lorsqu’il y en a une mais peuvent se retrouver dans chaque unité médicale ainsi, qu’en quantités très faibles (p. ex. acétaminophène ou ibuprophène pour usage personnel) dans les bureaux administratifs.

exemple-biomed2

Les installations de santé et de services sociaux vivent quelques enjeux en lien avec la récupération des déchets biomédicaux et pharmaceutiques, notamment :

  • Volumes générés annuellement
  • Manque d’espace à l’intérieur pour les entreposer
  • Entreposage des déchets biomédicaux et pharmaceutiques
  • Désinfection des déchets biomédicaux et pharmaceutiques
  • Manque de participation du personnel des départements générateurs souvent associé à un manque de connaissances des impacts liées à leur geste
  • Aspect légal et sanitaire de la gestion de ces déchets dangereux (certificat d’autorisation du ministère)
  • Santé sécurité au travail : moyen de protection, risques infectieux

COMMENT GÉRER LES déchets biomédicaux et les
déchets pharmaceutiques SELON LE PRINCIPE DES 3 RV ?

Pratiques d’approvisionnement

BIOMÉDICAUX – Faire affaire avec une compagnie qui offre des services de retraitement des dispositifs médicaux à usage unique permet de réduire de façon importante les volumes de déchets biomédicaux.

PHARMACEUTIQUES  – C’est au moment des achats qu’une grande différence peut être faite. En effet, il est possible de faire des achats groupés ou encore d’optimiser les emballages.  En Suède, un indice « PBT » (persistent, bioaccumulative et toxic) pour les médicaments a été mis en place. Le PBT note l’impact environnemental de 0 à 9 ce qui correspond à la somme du P+B+T. Plus la valeur est haute plus le médicament est dangereux pour l’environnement. Les médecins peuvent ainsi prescrire des médicaments en fonction de leurs impacts sur l’environnement et, par ricochet sur la santé humaine. L’utilisation de cet indice à grande échelle devrait conduire les industries pharmaceutiques à remplacer les molécules les plus toxiques et nocives pour l’environnement par celles qui le sont moins.

 Réduction à la source 

BIOMÉDICAUX – Former l’ensemble des générateurs afin qu’ils sachent exactement ce qu’ils ne doivent pas mettre dans les contenants des déchets biomédicaux. Selon l’expérience de l’équipe de SSE, il arrive souvent que des piles, des boîtes en carton fin et divers emballages en plastique soient placés dans les contenants de déchets biomédicaux alors qu’il existe des filières distinctes de récupération pour ces matières.

Réemploi

BIOMÉDICAUX – Instaurer un système de contenants réutilisables tel que le proposent les compagnies Stéricycle et Daniels permet de réutiliser, selon leurs estimations, entre 500 et 600 fois chaque contenant.

 

Recyclage

BIOMÉDICAUX – Par définition, les déchets biomédicaux ne sont pas recyclables. Cependant, l’arrivée sur le marché québécois d’un système de déchiquetage et de stérilisation des déchets biomédicaux non anatomiques par micro-ondes pourrait changer cette situation. En effet, des tests réalisés par le Groupe Gagnon sur les déchets biomédicaux traités par la machine Ecosteryl de la compagnie belge AMB démontre que les plastiques issus du processus peuvent être recyclés dans un processus de fabrication de béton léger développé conjointement par le Groupe Gagnon et la compagnie Simax. Le résultat : du mobilier urbain en béton contenant jusqu’à 50 % de plastiques recyclés..

Élimination

BIOMÉDICAUX – Les déchets biomédicaux doivent absolument être éliminés en fin de vie, au minimum par autoclavage (récipient à parois épaisses et à fermeture hermétique, destiné à réaliser sous pression soit une réaction industrielle, soit la cuisson ou la stérilisation à la vapeur) et enfouissement subséquent.

PHARMACEUTIQUES – Selon leur code de déontologie, les pharmaciens se doivent de récupérer tous les médicaments périmés pour éviter qu’on ne les retrouve dans l’environnement où ils pourront contaminer l’eau et le sol. Les déchets pharmaceutiques doivent absolument être éliminés par incinération en fin de vie, ce qui a des impacts positifs tant sur l’environnement que sur la santé publique.

ÉTAPES À SUIVRE POUR METTRE EN PLACE OU
AMÉLIORER UN SYSTÈME DE RÉCUPÉRATION Des déchets biomédicaux et pharmaceutiques

1. Estimer les quantités

Estimer la quantité déchets biomédicaux générés (volumes ou poids) dans chaque installation.
Estimer la quantité déchets pharmaceutiques générés (volumes ou poids) dans chaque installation.

Connaissez-vous les volumes générés annuellement ?

2. Répertorier les départements générateurs
Identifier les départements qui en génèrent le plus (cf. loi de Pareto – identifier les 20% de départements qui génèrent 80% des déchets) et concentrer les efforts sur ceux-ci dans un premier temps.

PHARMACEUTIQUES – En tout logique, c’est le personnel de la pharmacie, lorsqu’il y en a une, et le personnel médical qui devrait être ciblé.

Savez-vous quels départements génèrent ces matières ?
Savez-vous si vous valorisez (réemploi, recyclage) cette matière actuellement ?

3. Contacter différents partenaires de récupération et sélectionner le fournisseur

BIOMEDICAUX  – Il existe deux partenaires de récupération pour les déchets anatomiques au Québec : Stéricycle et Daniels. Cependant, pour les déchets biomédicaux non anatomiques, plusieurs options s’offrent aux installations de santé. Le règlement sur les déchets biomédicaux exigeant que les déchets biomédicaux soient minimalement autoclavés, sans être déchiquetés, c’est l’option qui est utilisée par la majorité des installations de santé et de services sociaux. Deux options sont communément utilisées : autoclave sur place et envoi des déchets stérilisés dans le compacteur à déchets ultimes ; ou service de collecte de Daniels ou Stéricycle qui autoclavent les déchets dans leur usine et les envoient ensuite à l’enfouissement. Il existe d’autres technologies qui ne requièrent pas d’eau telles que la technologie à micro-ondes des compagnies AMB et Sterilwave ou la technologie de la pyrolyse de la compagnie Terragon.

PHARMACEUTIQUES  – Il existe deux partenaires de récupération au Québec : Stéricycle et Daniels.

Savez-vous quel fournisseur collecte actuellement ces matières ?
Avez-vous signé un contrat ou une entente avec ce fournisseur ?
Connaissez-vous le contenu de ce document ?
Des frais sont-ils associés à ce contrat/cette entente ?
Avez-vous déjà effectué des visites surprises chez votre fournisseur ?

4. Exiger du fournisseur
La traçabilité des déchets biomédicaux et des déchets pharmaceutiques et un rapport détaillé des quantités récupérées.

Savez-vous où s’en vont ces matières une fois qu’elles quittent votre établissement ?
Exigez-vous un bilan annuel faisant état du devenir précis de ces matières (traçabilité) ?
Avez-vous élaboré une procédure pour assurer l’uniformisation et la pérennité du système de collecte que vous avez mis en place ?

5. Élaborer une procédure
Pour l’uniformisation et la pérennité du système de récupération.

6. Identifier le type de bacs à privilégier

BIOMEDICAUX  – En impliquant les intervenants terrain et le partenaire de récupération, identifier le type de bacs à privilégier dans chacun des départements générateurs et l’endroit où les placer. Ces décisions doivent se baser sur les quantités générées et l’espace disponible dans chaque département, mais aussi en fonction du système de collecte en place avec le partenaire de récupération. Depuis quelques années, des bacs réutilisables ont fait leur apparition que ce soit chez Stéricycle ou Daniels.

PHARMACEUTIQUES – En impliquant les intervenants terrain et le partenaire de récupération, identifier le type de bacs à privilégier dans chacun des départements générateurs et l’endroit où les placer. Ces décisions doivent se baser sur les quantités générées et l’espace disponible dans chaque département, mais aussi en fonction du système de collecte en place avec le partenaire de récupération. Dans tous les cas, un autocollant Rx devrait être apposé sur les contenants pour bien identifier que leur contenu est pharmaceutique.

Dans quels contenants placez-vous ces matières ?
Combien de contenants avez-vous ?  Où sont-ils placés ?
Que faites-vous avec une fois qu’ils sont pleins ?
Sont-ils fournis gratuitement par votre fournisseur de services ?

7. Mettre en œuvre une campagne de communication
Permettant de sensibiliser et informer le personnel concerné sur le système de récupération des déchets biomédicaux et pharmaceutiques en place.

 

Le déchiquetage des déchets biomédicaux avec Ecosteryl 75 (Source : AMB)

Source : AMB

What happens to medical waste ?
(source : Stericycle)

Source : Stericycle

Références

Environmentally classified pharmaceuticals (Stockholm County Council)
Guide de gestion des déchets du réseau de la santé et des services sociaux (MSSS)
Portrait de la gestion des déchets biomédicaux et pharmaceutiques (SSE)
Portrait de la gestion des matières résiduelles dans le sous-secteur institutionnel au Québec – (RECYC QUEBEC)

Définitions des déchets biomédicaux
Les déchets biomédicaux (MDDELCC)
Règlement sur les déchets biomédicaux (Q-2, r.12)
Règlement sur les déchets solides  (Q-2, r.13)
Norme Z317.10-09 de la CSA
Règlement sur les matières dangereuses (Q-2, r.32)
Norme Z317.10-09 de la CSA

Blessures causées par les piquants tranchants
Centre canadien d’hygiène et salubrité au travail (CCHST) , « Blessures par piqûres d’aiguilles et d’instruments tranchants ou pointus ».
Centers for Disease Control and Prevention (CDC), « Les aiguilles sécuritaires pour prévenir les blessures par piqûres chez le personnel des CSSS: ce qu’en disent les données probantes »
Prévenir les conséquences engendrées par les piqures. Syndicat canadien de la Fonction Publique : Prévention des piqures accidentelles avec des aiguilles
Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux : Éviter les piqûres d’aiguille : où en sont les établissements ?
Réduire les blessures par piquants tranchants grâce à l’utilisation de boîtes réutilisables. Grimmong, T., Rings, T., Taylor, C., Creech R., Kampen R., Kable W., Mead P., Mackie P., Pandur R. « Sharps injury reduction using sharpsmart, a reusable sharps management system », Infection Journal Of Hospital. 2003.
Dreesen, Stefan, and Kristie Jones. « Reusable Sharps Containers Making Healthcare Safer and Greener. » Hospital News. N.p., 25 Aug. 2015. Web. 29 Mar. 2017.
« New study shows sharps injuries dramatically reduced through use of Sharpsmart safety device » , SteriHealth, 24 novembre 2010.
Grimmond, T., T. Rings, C. Taylor, R. Creech, R. Kampen, W. Kable, P. Mead, P. Mackie, and R. Pandur. « Sharps Injury Reduction Using Sharpsmart–a Reusable Sharps Management System. » The Journal of Hospital Infection. U.S. National Library of Medicine, July 2003. Web. 29 Mar. 2017.

Les impacts sanitaires et environnementaux des déchets biomédicaux et pharmaceutiques
Dangers des déchets biomédicaux sur la santé : Allsopp,Michelle, Costner Pat, Johnston Paul. « Incineration and human health »,  Greenpeace Research Laboratories, Mars 2001.
Organisation Mondiale de la Santé, Health-care waste, Fact sheet N°253, Novembre 2015

Pascal Billau- Estimation des dangers de DBM pour la santé et l’environnement au Bénin en vue de leur gestion.
Essai présenté au Centre Universitaire de Formation en Environnement en vue de l’obtention du grade de maître en environnement. Sherbrooke, Québec, Aout 2008.PP. 28-31

L’enjeu de la bioaccumulation : Recherches sur le plomb et mercure retrouvé dans le sang et l’urine des employés travaillant sur des sites d’incinération : P. Kurttio et al., Arch. Environ. Health, 48, 243-245 (1998), R. Wrbitzky et al., Int. Arch. Occup. Environ. Health, 68, 13-21 (1995), R. Malkin et al., Environ. Res., 59, 265-270 (1992)

Recherches menées sur le lien entre émissions après l’incinération et cancers : E. Knox, International Journal of Epidemiology, 29:391-397 (2000), E.G. Knox and E.A. Gilman, J. Epidemiol. Community Health 52: 716-726 (1998).

Recherches menées sur le lien entre incinération et trouble de reproduction et du développement: N. Van Larebeke, proceedings of the seminar ―Health Impacts of Waste Management Policies,‖ Hippocrates Foundation, Kos, Greece, 12-14 November 1998.

Compadium of technologies for Treatment

Situation au Québec du traitement des déchets biomédicaux
Un cocktail de médicaments dans le Saint-Laurent

Portrait québécois des déchets biomédicaux
Organisation Mondiale de la Santé, Health-care waste, Fact sheet N°253, Novembre 2015
United Nation Environement Program, Compendium of Technologies for Treatment / Destruction of Healthcare Waste, 2012
Health Care Without Harm, « Tips for Waste Reduction »
MSSS – rapports de gestion 2015-2016 des établissements québécois

Accidents provoqués par des autoclaves
University of Ottawa, A guideline for the safe use of autoclaves, 2003
Man Dies following Explosion at Sterecycle Autoclave Site. Letsrecycle.com. N.p., 11 Jan. 2011. Web. 29 Mar. 2017.
United States Department Labor –  Occupational Safety and Health Administration
Three Workers Injured after Explosing at City Hospital
4 Injured in CMC Operation Theatre Blast – Times of India. – The Times of India. City, 18 Sept. 2016. Web.

Les différents mode de traitement des déchets biomédicaux
Panorama des autres solutions: Bénard N., Gauthier K., Rosca M., Tinsa M., Évaluation des technologies de traitement et de valorisation des déchets biomédicaux pour le centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), 20 novembre 2009
Réflexions sur le pré-traitement par broyage: Only internal shredding is efficient, Seen Environnement Export Department New Testing Reveals that Traditional Autoclave Processing of Medical Waste is Not Effective, AFEC Solutions LLC, 2007

Vers les boîtes réutilisables : quels avantages?
Réduction des déchets générés

Grimmond  T., Himes E., Skinner D., 28% Waste reduction with Shaprsmart safety device-a 5 year, 103 hospital study
Healthcare NHS Care, You can have it all : prevent sharps injuries, save money and reduce CO2

Moins d’émission de dioxyde de carbone
Environment act proposal Daniels Sharpsmart Canada limited Winnipeg waste transfer facilty, 2014